Vente des produits alimentaires : le non-respect des règles de sécurité sanitaire des aliments, une menace pour la santé publique

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« Le noir ne meurt pas de microbes », c’est cette fausse idée reçue qui justifie l’environnement insalubre dans lequel on se complaît au quotidien, est en train de trouver assise dans les marchés, gargotes et même dans les rues de nombreux quartiers de Conakry.

Dans les marchés par exemple, où se ravitaillent les populations en produits alimentaires de base, se rencontrent des montagnes d’immondices venues de toute part. C’est le cas du marché de Matoto, ce grand centre de négoce qui reçoit et qui ravitaille quotidiennement les cinq communes de la capitale guinéenne en denrées alimentaires et autres produits locaux venus de l’intérieur du pays.

À proximité de son légendaire tas d’immondices suintant d’un liquide noirâtre avec des odeurs nauséabondes, on trouve du tout, de la viande et du poisson couverts de mouches, des fruits, des légumes et autres tubercules de toutes sortes étalés à même le sol et des vendeuses pataugeant dans cette eau boueuse tout autour. Interrogées, ces femmes accusent le manque d’espace dans le marché et la rareté des clients : « nous cohabitons avec ces ordures contre notre gré. Notre présence ici est conditionnée. Il n’y a plus d’espace à l’intérieur du marché. Et nos clientes ne prennent pas le courage d’y rentrer. Comment pourrions-nous avoir notre quotidien sans être en contact de nos clientes ? », s’interroge M’mah Bangoura une vendeuse de légumes.

Fanta Dabo, assise derrière sa table, vend des brochettes, des galettes et des patates toutes exposées à l’air libre. Pourtant, elle se dit bien consciente des dangers liés à cette pratique, elle estime que c’est un moyen d’attirer sa clientèle : « je sais qu’il y a des maladies qui proviennent de ces saletés. J’en suis bien consciente. Mais pour avoir une grande clientèle, nous sommes obligées d’exposer ces produits sinon les gens passent sans s’en apercevoir. Mais rassurez-vous que nous respectons les règles d’hygiène lors de la préparation ».

Pourtant, notre santé est le reflet de ce que nous mangeons. Il va de soi qu’une bonne santé commence par une alimentation saine et équilibrée. Les marchés poussent un peu partout dans la ville de Conakry sans aucun respect des règles de construction et d’hygiène. C’est ce que déplore le Dr Sanoh, médecin généraliste au centre de santé de Matoto : « l’insalubrité peut être la cause de nombreuses maladies telles que le choléra, la fièvre typhoïde, la dysenterie, les parasitoses, les dermatoses dont l’ulcère de Buruli ainsi que les affections respiratoires que nous rencontrons de plus en pratique hospitalière », a-t-il expliqué.

Dans les rues Conakry, des aliments déjà prêts pour la consommation telle que les brochettes, les galettes, les patates, mais aussi le pain une denrée alimentaire très prisée, sont vendues sur des étals ou à même le sol sans aucun respect des règles de sécurité sanitaire. Malgré leur grande envie, certains s’abstiennent d’en consommer afin d’éviter des maladies : « quand vous êtes à pied ou dans les embouteillages, vous sentez la bonne odeur de certains aliments, mais quand vous observez l’état dans lequel ils sont présentés, vous aurez le dégoût. Même si on a faim, il faut choisir ce que nous voulons manger », regrette un citoyen.

Il est donc nécessaire que les autorités s’impliquent activement dans la construction et l’équipement des marchés ainsi que, dans la définition et l’application des normes de conditionnement et de commercialisation des produits alimentaires.

Mariam KANTÉ

 

 

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