Un reseau d’anarque a l’hopital ignace deen : la surenchère au dos des patients et des visiteurs.

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 De longs lavabos, des ciseaux rouillés, des ordures entassées çà et là dans les couloirs.

Nous sommes bien à l’hôpital Ignace Deen , le plus vieux centre hospitalier de la capitale guinéenne Conakry. Première impression dès la rentrée de l’hôpital : les ordures. A côté, des vigiles ont fait fleurir un petit commerce à partir de l’arnaque : accès à l’hôpital, pour le visiteur, se fait contre 5 000 GNF.  De l’autre côté, se trouvent les agents vendeurs de carnet de visite qui prélèvent  un surplus  de 1 000 GNF sur chaque carnet vendu :   15 000 GNF le prix normal et 16 000 GNF à la vente sur place. Tout un réseau d’arnaque dans un centre hospitalier !

 Le cauchemar de la césarienne !

L’autre mal qui gangrène le milieu sanitaire guinéen concerne la césarienne. A son arrivée au pouvoir en 2010, le président Alpha Condé avait pris la décision de gratuité de la césarienne dans tous les établissements hospitaliers de la République. Sauf que voilà, sept (7) après, cette gratuité reste encore incertaine sur le terrain. Les femmes enceintes et leurs parents sont confrontés à d’énormes difficultés liées à cette gratuité qui n’en est vraiment pas une.

Mariame Traoré a traversé un véritable calvaire, pour ne pas dire une véritable journée cauchemardesque,  à l’hôpital Ignace Deen.En situation de grossesse, elle est arrivée à l’hôpital avec une forte hémorragie vaginale. Elle a enduré une heure d’attente avant d’être touchée par les sages-femmes.

Et quelle en est la cause à votre avis ? Le manque de médicaments et autres consommables pour une intervention chirurgicale à la césarienne. Toutefois, il semblerait, selon la patiente, que la raison réelle se trouve ailleurs :

 « Parce que, quand mon époux a sorti l’argent seulement, les médicaments sont aussitôt sortis et les médecins se sont vite occupés de moi »

Si certaines patientes, à l’image de Mariame , pensent que les raisons sont plus pécuniaires que liées à un manque d’équipements et/ou de médicaments.

Ce n’est toutefois pas l’avis des médecins ! Ils y vont de leurs arguments, comme l’explique ce médecin du service maternité qui a tenu à garder l’anonymat :

 « La gratuité de la césarienne est une parole en l’air. Puisque les moyens nécessaires pour l’effectivité de la césarienne ne sont pas mis à notre disposition »

Mais, la césarienne n’est pas un cas isolé. D’autres patients se plaignent aussi d’être abandonnés à eux-mêmes dans  des situations d’extrême urgence : comme pour dire qu’ici le serment d’Hippocrate, ils n’en ont cure !

Des mouroirs pour patients

Alpha Diallo, accompagnateur de malade, en sait beaucoup de choses sur l’incurie des services de santé. Il n’a pas été du tout avare en mots sur le sujet

« Pas plus tard que quelques semaines, j’ai envoyé mon oncle gravement malade à l’hôpital Ignace Deen. Nous sommes restés presque toute la moitié de la journée sans soin considérable. Juste quelques semblants de soins avant qu’on s’occupe réellement du malade. D’ailleurs, les médecins trouvés sur place étaient des stagiaires. C’est quand le médecin chef est venu que nous nous sommes rendus compte de cette autre réalité ».

D’autres témoignages révèlent des situations révoltantes. Certains médecins utilisent les matériels des hôpitaux de services publics dans leur clinique privée ;  d’autres se procurent des appareils à leurs propres frais qu’ils n’utilisent pas gratuitement. Comme pour dire que l’Etat doit faire face à l’équipement des hôpitaux publics du pays. Autant de pratiques qui déshonorent le serment d’Hippocrate.

En dépit des moyens colossaux mis à sa disposition de l’actuel ministre de la santé- l’année dernière, le ministère a été doté d’un budget de 761.937.388.000fg, hors financement extérieur- les pratiques restent des plus scandaleuses.

 Pour l’année 2018, le budget prévu pour le ministère de la santé se chiffre à 921.199.679.000, soit une majoration de 189 milliards. Lors de son passage devant les députés, la semaine passée, le ministre de la santé a demandé un budget additionnel de 95 milliards de franc guinéen. On se demande bien pour quoi en faire ?

Par Nantou Kamano          

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