Mohamed saïd fofana : le médiateur de l’informel

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Si on se fie à leurs résultats respectifs comme médiateurs de la république, Mohamed Saïd Fofana dépasse de loin son prédécesseur, le général Facinet Touré. C’est en effet en grande partie à l’ancien premier ministre que l’on doit le dernier accord entre le gouvernement et le SLECG. Or, plus tôt, alors qu’il venait à peine de prendre fonction, il avait obtenu de l’Union générale des travailleurs de Guinée (UGTG) qu’elle reporte sa grève. De fait, à la différence de Facinet Touré, Mohamed Saïd est plus mobilisé, plus dynamique, bref il fait preuve d’un plus grand volontarisme. Pour autant, le nouveau médiateur de la République semble être passé plutôt à côté de la plaque. Parce que, de toute évidence, il n’a pas l’air d’avoir compris le rôle qui est le sien.

En observant de près les initiatives de Mohamed Saïd Fofana, dans le cadre de la gestion de la crise sociale, on a l’impression qu’il assimile davantage son rôle à celui d’un sapeur-pompier. Visiblement, ce qui le préoccupe, c’est l’extinction du feu et la restauration de la quiétude. Bref, il se préoccupe davantage sinon exclusivement de la finalité. Quant aux moyens d’y arriver, il les trouve essentiellement dans son approche informelle de la gestion des crises.

Aux protagonistes, il tient le discours sur la nécessité de l’unité nationale et les méfaits d’une déflagration sociale. Ce qui le fait davantage ressembler à un sensibilisateur qu’au médiateur qu’il est. D’autant que porté sur la religion, il n’hésite pas non plus à invoquer versets et préceptes du Coran pour convaincre les parties à un conflit à déposer les armes. Dans une société fonctionnant essentiellement sur les sentiments et l’émotion, la démarche ne manque pas de produire des effets à court terme. Mais il s’agit souvent de remèdes de circonstance, qui ne peuvent aucunement durer.

Parce que ce sont des édifices aux fondations peu solides. Le pari est sur l’instantané et non sur le long terme. En cause, l’inféodation de fait du médiateur à l’Exécutif. Mohamed Saïd Fofana a été nommé sur la base du seul bon vouloir du président de la République. Son retour aux affaires passe même aux yeux de beaucoup de Guinéens pour de la récompense pour le silence que celui-ci a gardé depuis son départ de la primature. A la différence de beaucoup d’autres cadres, partis des affaires, l’ancien PM n’est pas allé grossir les rangs de l’opposition. Mais comme indiqué plus haut, le nouveau médiateur pèche aussi par son approche très informelle. En effet, pour que les effets d’une médiation puissent durer, la facilitation doit reposer sur des règles de droit et de d’équité sociale. A un moment donné, on doit pouvoir dire à une des parties, sur la foi du droit, que sa prétention n’est pas bien fondée et que la partie adverse invoque de meilleurs arguments. Partant, le médiateur doit pouvoir, selon les mêmes règles et principes, demander sous forme de recommandation, réparation pour les préjudices subis. De telle sorte qu’on ne plie pas nécessairement pour sauver le pays ou pour préserver la quiétude sociale, mais parce que, grâce à l’intervention avisée et motivée du médiateur, on a réalisé les limites de ses prétentions. Et qu’avec humilié, on en a tiré toutes les conséquences

S.Fanta

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