Memoire collective : une œuvre qui retrace l’histoire plurielle des violences politiques en guinée, dédicacée à conakry

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La guinée est un pays qui a été fracturé par des violences et répressions politiques durant le premier régime révolutionnaire d’Ahmed Sékou Touré. Soixante ans après l’indépendance, un silence étouffant entoure encore le traumatisme que constitua pour la Guinée la Première République.

Cette histoire complexe et douloureuse a été peu écrite, encore moins jugée, et se transmet difficilement d’une génération à l’autre, laissant la jeunesse guinéenne dans la confusion et ouvrant la voie à de nouveaux cycles de violence. Ce livre, mémoire collective sur les violences politiques en Guinée est une contribution à l’assemblage du puzzle historique guinéen. Ce travail gigantesque, collectif invite à aller au-delà des lignes de fractures du XXème siècle.

Des auteurs guinéens, français et américains venants de divers horizons : universitaire, défenseur des droits de l’homme, journalistes ont combiné leurs efforts pour rassembler des éléments de l’histoire des violences politiques en Guinée et y apporter des regards complémentaires.

Dans de cet ouvrage de 350 pages, un récit pluriel prouve au moins une chose : quand le silence se brise, l’écriture de l’histoire devient envisageable.

Après plus d’un an et demi d’enquête, cet important livre a été présenté ce mardi au palais du peuple de Conakry devant les autorités nationales et les représentants étrangers.

Pour Laurent Correau, rédacteur en chef des services de Rfi – Afrique et l’un des auteurs de l’ouvrage, ce livre va permettre aux jeunes Guinéens de connaitre les moments les plus sombres de l’histoire des violences politiques du pays : « c’est un ouvrage qui retrace le parcours des violences et répressions politiques en guinée que beaucoup de jeunes de la nouvelle génération ignorent. Mais avec cette mémoire collective, ils auront toute la lumière sur les violences politiques en Guinée surtout sous le régime révolutionnaire d’Ahmed Sékou Touré où assez de Guinéens ont perdu leur vie dans le camp Boiro », a-t-il témoigné.

Venu représenter le gouvernement guinéen à cette cérémonie, le ministre de l’unité nationale et de la citoyenneté a apprécié la qualité de l’ouvrage avant de dire ses quatre vérités sur la complexité de l’histoire des violences politiques : « le titre de ce livre m’inspire et est évocateur, donc il faut saluer le travail énorme abattu par ses auteurs pour faire cet ouvrage. Mais en guinée, parler de l’histoire des violences politiques du pays est très complexe. Puisque dès que tu commences à le faire, on commence à chercher tes origines, de quel bord politique tu es, donc ça devient compliqué », a dit Khalifa Gassama Diaby.

Et d’ajouter : « Il faut qu’on assume notre histoire et sortir de la complexité pour en parler en vue de cicatriser les plaies laissées par les répressions et violences politiques dans le pays. Cela y va de l’intérêt et de la prospérité de notre chère nation ».  Poursuivant son intervention, le ministre de la citoyenneté soutiendra que ce présent livre va changer la mentalité des Guinéens sur la vraie histoire des violences et répressions politiques dans notre pays.

Parmi le public venu massivement assister à la dédicace de cette œuvre, figure Abass Bah, un rescapé de la célébrissime prison du camp Boiro. Pour lui, ce livre permettra non seulement aux jeunes Guinéens de connaitre les pages les plus sombres de l’histoire de la guinée, de découvrir la vraie vérité de ces pages obscures et de les transmettre à la génération future.

Ce livre  aborde également les violences politiques sous le régime du feu général Lansana comme la répression des manifestations de 2007, mais aussi le massacre du 28 septembre 2009 au stade du même nom et enfin les violences politiques sous le régime actuel.

Cette mémoire collective sur les violences politiques en guinée est une avancée importante dans l’histoire contemporaine de la Guinée. Ce livre ouvre une large perspective sur la connaissance de l’histoire profonde de la Guinée indépendante par la nouvelle génération.

Elma CAMARA

 

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