Les ‘’cadeaux’’ (empoisonnés) de fin d’année d’alpha-gouvernance

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L ’année 2018 a été sans nul doute une période charnière dans l’évolution sociopolitique chaotique et caillouteuse de la Guinée éternelle vers son … sous-développement.

Des élections, que dis-je, des sélections communales du 04 février aux installations des fameux élus locaux, en passant par la grève des enseignants et l’augmentation du prix du carburant, la gouvernance du professeur ‘’national’’ aura montré aux guinéens qu’ils ne sont pas encore au bout de leurs peines.

Apres avoir, tout le long de l’année, malmené l’opposition, affaiblit les institutions républicaines et casser le peu de pouvoir d’achat qui restait aux populations, le gouvernement a pensé à leur faire un petit cadeau avant de les faire boire le calice pour les 2 années restantes de son pouvoir moribond.

Le premier cadeau est la ‘’baisse’’ substantielle du prix du carburant à la pompe. La mesure, intervenue le 27 décembre à la suite du conseil ordinaire des ministres, a surpris plus d’un. Apres l’effet surprise ; c’est la colère qui s’installe. Elle monte rapidement et s’empare des esprits de guinéens qui prennent d’assaut les réseaux sociaux pour dénoncer la valeur du montant réduit sur le prix du carburant.

Oui il y’a de quoi s’indigner, car baisser le prix de l’essence et du gasoil de seulement 500 francs guinéens parait comme une insulte à l’intelligence du guinéen et une foutaise insupportable à l’égard de celui-ci.

Faut-il rappeler que le 1er juillet 2018, l’Etat a augmenté ce prix à la pompe de l’ordre de 2000 francs guinéens. Et malgré une baisse du prix du baril au niveau international durant tout le mois de novembre et une bonne partie du mois de décembre, le gouvernement n’a nullement répercuté cette baisse sur le prix du carburant à l’interne malgré le protocole d’accord signé avec les acteurs sociaux sur la flexibilité du prix du baril. Il a attendu que l’exercice budgétaire de 2018 et les débats sur la loi des finances de 2019 soient bouclés pour donner le reste des miettes au peuple. Apres tout, on est en fin d’année non. Alors amusons-nous bien, le gouvernement nous accompagne.

En plus du montant insignifiant réduit sur le prix du carburant, le gouvernement complique d’avantage les choses à tous ceux qui achètent l’or noir. Avec la rareté des billets de 500 francs, tout le monde connait le slogan des pompistes au niveau des  stations-services : « il n’y a pas de monnaie». Le client est obligé alors de payer à l’ancien prix. Où est la baisse ? Cette énième faute du président et de son gouvernement prouvent à suffisance le manque de considération qu’ils ont à l’endroit de leurs compatriotes. Cependant, ne nous trompons de vue ; le pouvoir exploite à fond l’extrême paupérisation de la population pour lui faire avaler des couleuvres aussi acides que le cyanure de Socrate.

On tient l’Homme par son ventre dit-on. On prend le guinéen par son ventre et son … bas-ventre espèrent nos honorables députés. Et c’est là qu’intervient le deuxième cadeau aussi inutile que caduc. Apres l’exécutant, le législateur veut à son tour offrir son cadeau.

A la fin de leurs mandats et dans un contexte sociopolitique tendu, les députés n’ont rien d’autres à proposer que de ressortir un code civil qu’ils avaient volontairement mis dans les placards en 2016 à cause du point d’achoppement autour des articles sur la polygamie. A l’époque, des voix notamment féminines, s’étaient levées contre les articles légalisant la polygamie. L’affaire est tombée à l’eau.

Mais en 2018, il faut trouver quelque chose à vendre à une population exsangue. Apres avoir pris leurs ordres chez le grand timonier, les députés dont la majorité simple est composée d’élus de la mouvance, ont voté la proposition de loi relative à l’adoption du nouveau code civil avec en son sein les articles controversés sur la légalisation de la polygamie. Sauf que l’application de l’article en question n’a jamais été effective en Guinée. Pire, certains de ceux qui sont censés appliquer cette loi sont les premiers à la violer.

Des maires, des officiers d’état civil et des magistrats sont polygames aux rivières du sud. Que dire alors de la population dont la grande majorité est composée d’analphabètes et de musulmans, deux couches particulièrement favorables à la polygamie. Alors pourquoi légaliser une pratique qui l’est déjà par ces faits cités plus haut.

Nombreux sont les observateurs qui pensent d’ailleurs que ça été une erreur monumentale et une inconscience congénitale d’interdire la polygamie dans un pays à majorité musulmane au sein d’un Etat certes laïque.

L’Islam autorise à épouser jusqu’à 4 femmes. Cette incongruité entre le droit et la société reste incompréhensible puisqu’elle date des premières heures de l’indépendance de la Guinée. Comment la première république, foncièrement nationaliste et tournée vers la révolution culturelle a-t-elle pu laisser passer un tel écart ? Un copier-coller aussi flagrant de la constitution française. Comment ?

En attendant de trouver la réponse à ces questions, des pseudos féministes n’arrêtent pas de s’enflammer sur les réseaux sociaux. Le président Condé, en éternel tacticien politique y voit une fabuleuse opportunité de s’allier la sympathie de la gente féminine. Depuis ce 05 janvier 2019, il refuse de promulguer le fameux code.

Oumar Diallo

 

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