Emigration clandestine : les confidences d’un migrant retourné

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Dès leur retour au pays, des migrants guinéens se sont organisés en association pour lutter contre l’émigration clandestine et faciliter la réinsertion d’autres jeunes migrants qui ont eu le courage de rentrer chez eux.

Dans une interview exclusive accordée, lundi 25 mars 2019, à la rédaction de guineeactuelle.com, le président de l’Organisation Guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière (OGLMI) a indiqué que leur structure a été mise en place grâce au soutien de l’Organisation internationale pour la migration  et l’Union européenne.

Cette ONG qui regroupe en son sein plus de 1000 jeunes migrants clandestins, dont 750 à Conakry, a également cinq antennes régionales en Guinée. Ces jeunes migrants ont décidé de mener des activités pour la lutte contre la migration irrégulière afin d’éviter que d’autres jeunes n’endurent les mêmes souffrances qu’eux.

« Nous, nous sommes des migrants. On n’a tous nos histoires, nous connaissons les souffrances que les jeunes rencontrent en cours de route. Nous nous servons de nos histoires pour informer les jeunes qui sont des potentiels migrants sur les difficultés liées à la migration irrégulière, les sensibiliser à rester au pays, les informer sur les alternatives existantes » a expliqué Elhadj Mohamed Diallo, président de l’Organisation Guinéenne pour la lutte contre la migration irrégulière (OGLMI).

En plus de l’information et la sensibilisation, les membres de cette association assistent les migrants à former des sous-groupes pour créer des projets de développement dans le cadre du programme de réinsertion des migrants.

L’objectif de l’OGLMI, en partenariat avec l’OIM, est d’assister les migrants à entreprendre afin de subvenir à leur besoin.

« Tous les migrants ont appris des métiers. Au retour, nous, on essaye de les catégoriser par le métier, pour les aider à élaborer des projets de développements pour accompagner non seulement leurs familles et aussi des potentiels migrants parce que quand on valorise ces métiers, des potentiels migrants pourront bénéficier » ajout-il.

La plupart des migrants rentrent désespérés dans leurs pays. Certains sont très mal accueillis dans la famille ou par les camarades qui leurs traitent souvent de maudits parce qu’ils ont échoué et gaspillé les ressources mobilisées par les parents afin de financer leur voyage.

Les membres de l’OGLMI ont décidé d’accueillir chaque convoi des migrants pour qu’ils aient le courage de recommencer une nouvelle aventure dans leur pays.

«  Quand les migrants eux-mêmes, ils nous voient à l’aéroport, nous venons vers eux, nous, on les sensibilise pour leur dire que nous étions comme eux, on les informe, vous avez une famille qui est là qui s’est constituée, ne pensez pas que vous avez échoué, vous êtes chez vous, venez ensemble, on va essayer de construire une nouvelle Guinée, on les montre aussi les projets que les migrants retournés ont élaboré et qui ont obtenu un financement. Pour les orienter, on les montre un plan d’intégration qui sera financé par l’OIM ou par les institutions » rapporte le président OGLMI

Diplômé en économie finance, El Hadj  Mohamed garde encore des cicatrices physiques et morales des tortures qu’il a subies en cours de route.

Au départ, se souvient encore ce jeune, il pensait trouver une vie meilleure en empruntant le chemin de l’émigration irrégulière. Mais, dit-il, c’est un rêve qui s’est brisé en cours de route après plusieurs jours de tortures dans les rues et les prisons dans des pays arabes.

« Aujourd’hui, je suis sur le point d’inaugurer ma boulangerie, dont le projet de financement est à terme. Je pense que les jeunes ont un avenir en Guinée » conclut-il.

Nantady Camara

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