L e 02 octobre de chaque année est célébrée l’accession de la Guinée à l’indépendance. Cette date historique est à son soixantième anniversaire. Ce matin, Alhousseine Makanera Kaké qualifie cet événement d’un instant de fierté et d’audace pour le reste du continent.
En guise d’introduction de son intervention dans l’émission « les Grandes Gueules » de la radio Espace ce matin, M. Makanera Kake a lancé : « en Guinée, on transforme rapidement la justice en bourreaux. Si la Guinée a connu des difficultés économiques, même si le pouvoir s’est radicalisé, c’est dû au fait de l’hypocrisie du régime du général Dé Gaule. Mais d’abord quand on dit à quelqu’un d’être indépendant et être esclave de quelqu’un, je crois le choix on ne réfléchit pas beaucoup. Pour preuve, même ceux qui avaient voté OUI, deux ans après, ils ont pris leur indépendance. C’est pour vous dire que Sékou Touré ne s’est pas trompé. Sékou Touré à travers la Guinée a propulsé l’homme africain devant l’histoire du monde. Quoi qu’il arrive, les prix que nous avons payé, je l’assume avec fierté ».
S’agissant des régimes qui ont succédé à celui du père fondateur de notre indépendance, l’invité des GG n’admet pas la comparaison faite entre les régimes actuels et celui de leur prédécesseur. Pour lui, le premier président a pu sauvegarder les richesses du pays afin de lui donner un avenir prometteur, chose qui a été un échec pour les successeurs : « quand on fait des comparaisons, ne comparez pas les rues et les routes, sinon vous oubliez beaucoup d’autres éléments. Rappelez-vous qu’en Côte d’Ivoire, ils ont connu la guerre civile. Ils auraient souhaité avoir la même chose que nous avons ici en Guinée que de connaitre une guerre civile. Mieux, je vais vous dire, la Guinée a eu toute la métropole et ses alliés contre Sékou Touré. Je ne dis pas qu’il n’y a pas eu des innocents, mais il y a aussi eu des coupables. Car la métropole et ses alliés à l’époque, les régimes de la Côte d’Ivoire et du Sénégal se sont servi de certains Guinéens pour déstabiliser et renverser le régime de Sékou Touré », a-t-il précisé.
« Moi je pense que Sékou Touré n’a pas pu travailler, mais il a conservé les richesses de la guinée. Il a conservé notre indépendance. Si sur le plan économique on peut faire des reproches à un régime, ce n’est pas celui de Sékou, mais c’est d’abord au régime du général Lansana Conté et surtout au régime du Pr Alpha Condé. Et je suis convaincu que c’est pire, parce que j’ai eu la chance d’avoir non seulement l’œil de l’intérieur, mais aussi de l’extérieur. Quoi qui arrive, Lansana Conté a posé des actes. On ne dit pas que tout est négatif, je me rappelle quand je quittais Boké, le meilleur bâtiment de toute la banlieue était chez les Kouyaté à Constantin là-bas, un R+1. À sa mort, il y avait beaucoup de choses. Alpha Condé, quoi qui arrive il a fait Kaléta. Mais c’est en deçà de nos attentes ».
Malgré plusieurs actes posés par le feu président Ahmed Sékou Touré, la non-reconnaissance de sa bienfaisance est le défaut commis de tous, déplore l’intervenant. C’est ce qui n’encourage plus les élus actuels dit-il. Selon Alhousseine Makanera Kake, la bravoure de Sékou devait être une esquisse pour les dirigeants : « on n’a pas aussi profité des symboles, des actes posés par Sékou. Un président de la République qui règne, comme on le dit, sans partage et pendant 26 ans, et qui part sans rien laisser ni à ses enfants ni à son épouse. Mais cela devait nous inspirer, cela devait être un exemple. Puisqu’on a considéré cela comme zéro, c’est pourquoi ceux qui viennent, ne veulent jamais laisser leurs familles dans cette situation. Moi je pense que c’est un devoir de mémoire. Et chacun à sa responsabilité, et les gouvernants et les gouvernés », a-t-il conclu.
Mariam KANTE
