Bilan de l’année 2018 : le temps fort de l’actualité politique en guinée

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A u cours de l’année 2018, l’actualité politique en Guinée aura été marquée en grande partie par l’organisation des élections locales, la nomination d’un premier ministre, la destitution de Kelèfa Sall à la tête de la Cour constitutionnelle ou encore la promulgation de la loi sur la CENI, entre autres.

La rédaction de guineeactuelle.com revient ici sur les moments forts qui ont marqué  l’actualité politique en Guinée.

Scrutin communal du 04 février        

Par un décret du président de la République pris en décembre 2017, les guinéens ont été appelés aux urnes pour élire les maires des communes et chefs de quartiers (remplacés par des délégations spéciales), dont leur mandat a expiré depuis 2010.

Emergence de la candidature indépendante

Ce scrutin du 04 février dernier aura été une aubaine pour les candidatures indépendantes de voir le  jour en Guinée. Certes les principaux partis politiques (RPG et UFDG) ont pris la part du loin à l’issue de ces élections, mais force est de reconnaitre que les candidatures indépendantes ont quelque peu changé la physionomie politique. En exemple, la commune de Kaloum( centre de l’administration guinéenne et des affaires) a été remportée par la fille de l’ancien président guinéen, Ahmed Sékou Touré, sous la bannière d’une candidature indépendante. Le même scénario s’est produit dans plusieurs autres circonscriptions électorales du pays.

Contestations des résultats et accords

Au sortir donc de ce scrutin, l’opposition républicaine dirigée par Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des Forces Démocratique de Guinée (UFDG) a accusé  des magistrats d’avoir falsifié des procès-verbaux en faveur du parti au pouvoir.

Face à l’ampleur et la multiplicité des manifestations de rue appelées par l’opposition, le président de la République a reçu au palais Sékhouréah plusieurs leaders de l’opposition, à commencer par Cellou Dalein Diallo, pour tenter de calmer la situation. Ainsi, le comité de suivi, piloté par le ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, fut réveillé pour trouver une solution à la crise.

Sauf que ce comité de suivi n’a pas pu faire grand-chose. C’est finalement, le QG de l’UFDG, principal parti de l’opposition qui servira de cadre à la signature d’accords devant mettre fin aux différends contentieux électoraux. Ainsi, le 08 août 2018, le président du groupe  parlementaire de la mouvance accompagné du ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation et président du Comité de suivi des accords politiques, et du ministre de l’Industrie et des PME, a signé un accord politique avec l’opposition républicaine au QG de l’UFDG pour procéder ainsi à l’installation des conseillers communaux issus du scrutin communal.

Dix mois après le scrutin, le ministre de l’administration annonce le début de l’opération d’installation des conseils communaux en créant des confusions autour du processus. En guise d’exemple, la ville de Kindia où l’UFDG et le RPG sont arrivés à égalité, a été minée par une crise. A ce jour, même si les exécutifs communaux ont été installés dans plusieurs autres préfectures du pays, la commune de Matoto où l’UFDG et le RPG se disputent le contrôle de cette plus importante circonscription électorale du pays, reste encore plongée dans le statuquo.

Autre fait ayant marqué l’actualité politique en 2018, le nombre des manifestants tués dans des manifestations politiques a atteint la barre de 100. Cette situation a poussé le Gouvernement à déployer des patrouilles mixtes composées de la police, la gendarmerie, et l’armée sur la route le Prince. Une décision aussitôt dénoncée par la classe politique et des activistes des droits de l’homme.

Nomination de Kossory Fofana à la primature

Le 21 mai 2018, le ministre d’Etat à la Présidence chargé de l’Investissement et du Partenariat Public-Privé à l’époque, Ibrahima Kassory Fofana a été nommé chef du gouvernement en remplacement de Mamady Youla qui était à la commande depuis le 26 décembre 2014. L’arrivée de Kassory à la primature permettra à Aboubacar Sylla et Mouctar Diallo, jadis membres influents de l’opposition, de faire leur entrée dans le gouvernement. Ainsi, le premier ministre fait face à la crise au sein de l’éducation née de la grève déclenchée par le SLECG.

Le limogeage de Kéléfa Sall, à la fois une entorse à la loi, mais aussi une réponse politique

L’histoire retiendra que Kéléfa Sall, président de la Cour Constitutionnelle, dont le mandat est de 9 ans, a été remplacé contre la volonté populaire. A la demande de la majorité des conseillers de la Cour Constitutionnelle, le chef de l’Etat a pris un décret pour démettre Kéléfa de ses fonctions. Mohamed Lamine Bangoura devient donc le président de l’Institution. A ce niveau, des observateurs de la scène politique parlent d’une entorse à la loi. Mais,  aussi et surtout une sorte de réponse du président Alpha Condé Kéléfa Sall qui l’avait averti contre la modification de la constitution pour s’offrir un troisième mandat anticonstitutionnel.

Promulgation de la loi sur la CENI

Malgré l’opposition exprimée par certains partis politiques, les députés ont adopté une loi portant sur la restructuration de la configuration actuelle de la Commission électorale nationale indépendante(CENI). Cette nouvelle configuration réduit légèrement le nombre des membres de l’institution qui était à 25. Mais,  d’ores et déjà l’adoption de cette loi a été perçue comme un arrangement politique entre le RPG,  parti au pouvoir et l’UFDG,  principale formation politique de l’opposition, au détriment de  »petits » et ou  »nouveaux » partis politiques.

Des alliés aux positions  »éphémères »

Autre fait ayant marqué l’actualité politique en Guinée au cours de l’année qui s’est achevée, c’est le retour  »éphémère » au sein de l’opposition de certains alliés du parti au pouvoir. C’est le cas, notamment de l’ancien ministre de la communication, Alhousseiny Makanéra Kaké. Ce dernier, après s’être autoproclamé  » griot » de Cellou Dalein Diallo,  chef de file de l’opposition, a fait un revirement de plus de 190 km/h pour revenir à la mouvance présidentielle.

Dans le même registre, l’ancienne ministre des sports, Domani Doré, dès après son limogeage du gouvernement, a donné l’impression que tout lui oppose désormais au RPG arc-en-ciel, dont elle a appartenait. Mais, il aura fallu attendre la tenue du scrutin communal du 4 février 2018 pour que les choses se précisent. A la surprise de certains, Dame Domani, inscrite sur une liste indépendante, apporte son soutien au candidat présenté par le RPG pour le contrôle de la mairie de Matoto.

Si Jean Marc Telliano, à la fois, à un moment donné, allié du RPG et membre de l’opposition républicaine, a finalement décidé de rejoindre le camp présidentiel, Papa Koly Kouroumah, également ministre conseiller du chef de l’Etat, n’a pas pour le moment rompu définitivement avec celui-ci.

BARRY Ibrahima

 

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