A lbert Einstein, le physicien, avait plusieurs nationalités et origines, il a toujours été présenté comme un juif allemand ou américain. L’intellectuel Raymond Arron , lui, était présenté comme un juif français .
Les Rothschilds et les Rockeffeler ont plusieurs origines, mais on précise toujours qu’ils ont une origine juive. L’identité juive reste nette et elle est évoquée avec fierté.
Je m’arrête juste à ces exemples.
Alors venons-en au cas spécifique des Antillais dans leur majorité. Ils ont de sérieux problèmes avec leur racine africaine. Le rapport de l’Antillais à l’Afrique est complexe.
Posez lui la question sur ses racines africaines, il te dira : » j’ai 5 % de blanc, 10 % d’indiens, 1% de chinois etc… »
Et il se trouve souvent que ce frère Antillais a des traits négroïdes plus accentués que le noir arrivé fraichement d’Afrique.
Tout cela dans l’unique objectif de nier son africanité qui sans laquelle la créolité n’existerait pas.
Et pourtant, l’africanité est une dimension qui surpasse l’Antillais quand bien même, il a du mal à l’assumer. On la sent dans sa voix et dans ses émotions. L’Afrique vit en l’Antillais par sa musique, ses tambours, son tam-tam, ses chorales et ses danses. Dans toutes les caractéristiques qui déterminent la créolité, on retrouve l’Afrique.
Qu’un Antillais, noir bon teint, nous dise qu’il a 1000 origines pour nier sa racine principale, c’est l’occident colonialiste qui peut bien jubiler sous cape pour avoir réussi sa prétendue « mission civilisatrice « .
Pour que l’Antillais se donne une place dans l’humanité, il doit se réapproprier sa civilisation qui n’est ni latine, ni gréco-romaine, mais reste négro-égyptienne/négro-africaine tout en assumant sa créolité comme étant le produit de son histoire particulière.
Les afro-américains semblent avoir réussi ce cap. Aux Antilles, la Litanie coloniale nourricière du mépris et de la division n’a pas fini son désastre intellectuel.
Nous ne pouvons pas comprendre que nous en soyons là malgré les travaux de nombreux intellectuels noirs dont Frantz Fanon, Jean Price Mars, Aimé Césaire, Cheikh Anta Diop et Stokely Carmichael (Kwamé Turé ).
Dramane DIAWARA
